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lundi 6 février 2017

Romance sans paroles Op 38 No 2 de Mendelssohn, auditions comparées

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La musique, et tout particulièrement le piano occupe une place importante dans ma vie. Cela s'est notamment reflété dans le choix du sujet de mon TFE de rhétorique dont le titre était La musique est-elle un langage universel?. Lors des premiers jours de ce blog, j'avais livré dans un article mes impressions sur le Scherzo fantasque d'Escaich et le Concerto pour deux pianos de Poulenc. Aujourd'hui je me lance dans un exercice tout autre : des auditions comparées d'une seule et même œuvre œuvre : la romance sans paroles opus 38 no 2 « Allegro non troppo » en ut mineur de Mendelssohn, aussi sous-titrée Bonheur perdu.

Comme support à l'écoute des extraits musicaux qui vont suivre, vous pouvez suivre la partition du morceau. Une édition numérique peut être obtenue sur IMSLP en suivant ce lien (Op 38 seul) ou bien ce lien (intégrale des Romances sans paroles). Certains éditeurs ne recommencent pas la numérotation des romances sans paroles à 1 à chaque fois qu'on change d'opus. Dans ce cas là, le morceau que nous écoutons porte le numéro 14.

Les extraits sonores sont tous issus de YouTube. Pour les écouter, il suffit de cliquer sur les croches (♫) à côté du nom de l'interprète. Le contenu de YouTube variant énormément dans le temps, je ne peux malheureusement pas garantir la disponibilité des extraits sélectionnés pour les lecteurs qui liraient cet article longtemps après sa première parution. Si jamais cette situation se produisait, n'hésitez pas à me le signaler et je m'efforcerais de trouver un extrait équivalent.


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Henryk Siemiradzki, Chopin Performing in the Guest-Hall of Anton Radziville in Berlin in 1829, Croquis, 1887, The Russian Museum, St. Petersburg, Russia

Henryk Siemiradzki, Chopin Performing in the Guest-Hall of Anton Radziville in Berlin in 1829, Croquis, 1887, The Russian Museum, St. Petersburg, Russia
Source : ABC Gallery


Daniel Barenboim

Ce n'est pas par hasard que nous commençons notre comparaison des interprétations de la Romance sans parole Op. 38 No 2 de Mendelssohn par la version jouée par Barenboim. Les mauvaises langues diront que c'est le premier résultat sur lequel on tombe lorsqu'on effectue une recherche sur YouTube. Certes, ce n'est pas faux. Néanmoins, Barenboim nous offre là une interprétation soignée et assez usuelle ; et en cela constitue un excellent point de départ pour nos comparaisons. Scolaire n'est pas un qualificatif adéquat pour désigner ce jeu qui n'est ni maladroit ni immature comme celui d'un étudiant ; académique serait un adjectif plus judicieux. En effet, l'interprétation de Barenboim respecte toutes les conventions établies en terme de « musique romantique » : les nuances, le rubato, les phrasés … En outre, la technique est impeccable. Objectivement, il n'y a rien à redire sur cette interprétation. Tout est en place et tout ce qu'on pourrait rechercher dans ce type de pièce pour piano s'y trouve. Peut-être est-ce parce que cette interprétation est trop conformiste qu'elle manque d'originalité?


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George Hamilton Barrable, A Song Without Words, huile sur toile, 1880, Collection privée

George Hamilton Barrable, A Song Without Words, huile sur toile, 1880, Collection privée
Source : The Bridgeman Art Library


Marie-Catherine Girod

L'extrait qui nous intéresse commence au temps 3:08.

En soi, Marie-Catherine Girod n'offre pas une performance exceptionnelle. Cet extrait a été choisi pour mettre en évidence l'interprétation très similaire à celle de Barenboim que nous venons d'écouter. Cela confirme donc le côté usuel de l'interprétation de Barenboim. Il peut être pertinent de se demander si cette façon de jouer ne serait pas seulement le reflet d'une mode passagère. Si un grand nombre de pianistes ont des jeux qui se ressemblent, se pourrait-il que se soit parce qu'ils suivent tous la tendance du moment? Si cela n'est pas la raison de cette homogénéité apparente, alors il faudra conclure que tous les pianistes s'influencent les uns les autres de façon inconsciente. Où se cache donc l'originalité artistique? Pour en revenir à la prestation de Marie-Catherine Girod, si l'esprit est semblable à celui qu'on retrouve chez Barenboim, la qualité du jeu est tout de même moindre. Il y a moins de finesse dans le choix des nuances et des sonorités. Les notes répétées, en fin de phrase, le sont sans recherche de musicalité et cela est dommage ; surtout que la mélodie est reprise plusieurs fois au cours du morceau et cela donne l'effet d'accentuer les négligences. Finalement, cet extrait manque d'intérêt.


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Shio Okui

Généralement, je ne suis pas fan des très jeunes musiciens que l'on peut trouver sur internet. Ces très jeunes enfants ont l'air d'être des « bêtes de foire » que les parents exhibent fièrement, convaincus que leur chère progéniture est un jeune prodige. Cela possède un caractère a priori malsain. En outre, de par leur jeune âge, ces enfants musiciens ne possèdent pas la même maturité musicale que pourrait posséder un soliste professionnel. Pourtant, en osant passer outre ces a priori négatifs, il faut admettre que l'interprétation que nous offre Shio Okui est une agréable découverte. Tout est très bien en place. La technique ne fait pas défaut et une très grande attention est portée à la musicalité de l'œuvre dans sa globalité, en particulier aux fins de phrase. Le seul point à redire dans cet enregistrement est l'acoustique de qualité médiocre. Cette considération technique mise à part, c'est une version qui retient toute notre attention. Par ailleurs, le jeu de Shio Okui se rapproche très fort du mien, mais ce n'est qu'un détail sans importance.


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Leon Kroll, Leo Ornstein at the Piano, huile sur toile, 1918, Art Institute of Chicago

Leon Kroll, Leo Ornstein at the Piano, huile sur toile, 1918, Art Institute of Chicago
Source : Wikimedia Commons


Emilio Álvarez Cid

Le tempo choisi par Emilio Álvarez Cid est plus lent que celui adopté par la majorité des interprètes. Cette différence est d'autant plus marquée étant donnés les pianistes précédents que nous avons écoutés. Au début, cela peut paraître surprenant. Néanmoins, au fil de l'audition, il faut admettre qu'une interprétation plus lente se rapproche plus du titre du morceau, bonheur perdu. L'atmosphère est rêveuse, les sons sont soigneusement choisis et une très grande musicalité ressort de cette interprétation. Etant donné que cette dernière est très différente de tous ce que les autres pianistes proposent, elle mérite bien le qualificatif d'original. Pourtant, il y a un point délicat à mentionner. Etant donné le tempo lent, l'auditeur risque de trouver l'œuvre un peu répétitive et de s'ennuyer. Dès lors, il est au pianiste de s'assurer qu'il ne joue pas tout le temps toutes les phrases de la même manière et de faire particulièrement attention aux reprises. Une interprétation à écouter et à s'en inspirer.


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Giovanni Boldini, Le Pianiste, 1931

Giovanni Boldini, Le Pianiste, 1931
Source : Wikimedia Commons


Murray Perahia

Mon coup de cœur de cette sélection d'interprètes. Il est des pianistes qui, dès les premières notes nous émeuvent sans qu'on puisse en poser des justifications rationnelles immédiatement. Perahia m'a fait cet effet là pour ce morceau. Le mouvement est pris rapidement, mais contrairement à Barenboim, il apparaît beaucoup plus lisse, moins saccadé. Un voile de musique, léger et fluide.


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Voilà, notre exploration des interprétations de ce morceau est terminée. Bien entendu, les extraits choisis ne sont pas représentatifs du paysage pianistique, présent ou passé. Le but ici était d'offrir un aperçu, certes arbitraire, de ce que quelques musiciens peuvent offrir. Et vous, quels sont vos sentiments par rapport aux pianistes présentés? Quels sont vos interprètes préférés pour cette œuvre?

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