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mardi 21 juin 2011

Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb

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NOTHOMB Amélie, Hygiène de l'assassin, Albin Michel, 1992


Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb est le livre que j'ai choisi comme dernière lecture de l'année scolaire. Il est étonnant de constater que les professeurs de francais, en général, ne supportent pas cette écrivaine belge mondialement connue. Surprenamment, mon professeur m'a conseillé de lire ce roman, le tout premier de cette auteure, qu'elle (mon professeur) trouvait intéressant. Voici alors le commentaire critique que j'ai rédigé sur ce roman, lequel j'ai rendu en fin avril. En comparant ce travail avec mon tout premier : La Place d'Annie Ernaux, je m'étonne moi-même de mon évolution en matière d'analyse. Bien sûr, mes efforts ont été récompensés : 28/30. Pourtant, je reste convaincue que mon professeur a été trop généreuse avec moi. La forme, la syntaxe et le style pourraient être améliorés, tout comme beaucoup de passages mériteraient d'être reformuler pour rendre le texte plus attrayant et plus agréable à la lecture. Malheureusement, le temps était une fois de plus contre moi. Cinq heures de cours pour relever les différents éléments, les analyser puis rédiger un beau commentaire, je trouve que c'est un peu court.
Merci super professeur pour m'avoir appris à aborder une oeuvre de manière critique, pour toute la patience dont elle a eut besoin et pour tous les précieux temps supplémentaires qu'elle m'a accordés.




Hygiène de l'assassin d'Amélie Nothomb est un roman absolument drôle. Ce ne sont pas les gestes des personnages qui font rire le lecteur, mais bien les mots utilisés, soigneusement choisis pas l'auteure qui a dû s'amuser encore plus que le lecteur en écrivant ce roman.
La description du personnage principal, Prétextat Tach fait sourire car cet homme est la pire personne qui puisse exister : elle est à la fois horrible, sans coeur et fait peur. Un tel excès de défauts n'est pas pris au sérieux.

En plus de divertir, ce livre pose sans cesse des questions sur le rôle des journalistes, leur utilité, leurs buts et leur influence dans le pays dans lequel nous vivons.



L'histoire est racontée à la troisième personne par un narrateur extérieur au récit, c'est donc un auteur-narrateur.
La focalisation est externe, le lecteur n'a pas accès aux pensées des personnages. Ce choix est judicieux car si le lecteur connaissait tout ce qu'il y avait dans la tête de monsieur Tach, il pourrait prendre peur et être encore plus dégoûté par ce personnage obèse et risquerait de ne pas poursuivre sa lecture.

Le registre de langue soutenu employé par Prétextat Tach au début du livre tient lieu de présentation : cet homme a reçu un prix Nobel de littérature et son niveau de langue le prouve.
Par contre, pour montrer la position inférieure des journalistes, Amélie Nothomb utilise un langage moins littéraire sans pour autant courant, car ces personnages font partie des médias et savent en principe utiliser les mots. Cependant, au fils des pages, monsieur Tach soigne de moins en moins son vocabulaire, jusqu'à parler vulgairement, comme pour montrer son agacement face à des personnes qui ne présentent pour lui aucun intérêt.

Ce livre n'est pas divisé en chapitres; cinq parties distinctes sont néanmoins remarquables, chacune rapportant un entretient avec un journaliste, sauf la première qui contient un présentation du personnage principal.
Ce livre pourrait aussi être comparé à un pièce de théâtre étant donné l'abondance de dialogues.
Il n'y a presque pas de narration, augmentant ainsi la vraisemblance du récit et donnant au lecteur un impression de proximité.

La chronologie est respectée bien que le récit de l'enfance merveilleuse de Prétextat puisse être considéré comme une rétrospection. Ce récit dans le récit plonge le lecteur dans une vie qu'il n'aurait jamais pu imaginé. Il aperçoit Prétextat Tach d'une nouvelle façon; cet homme qui prétendait n'avoir jamais été enfant avait la plus heureuse possible.

Le roman contient quelques comparaisons, qui sont surprenantes et qui permettent d'imager les propos. La majorité est dite par l'écrivain, comme par exemple « sauter sur l'occasion comme un rapace »



Ce roman soulève de nombreux problèmes qui concernent tout particulièrement nos sociétés occidentales.

Premièrement, de nombreux journalistes sollicitent un entretient avec le pris Nobel de littérature une fois que celui-là a annoncé sa mort prochaine. Alors qu'il n'était qu'un écrivain parmi d'autres, il est devenu un des plus connus. Nous ne commençons à nous intéresser de quelqu'un uniquement lorsqu'il est mort ou sur le point de mourir. Les plus grands artistes n'ont été reconnus très souvent qu'à titre posthume..Pourquoi? Dans le cas de ce roman, nous avons peur de laisser s'échapper une chance de connaître une personne remarquable. Mais l'artiste souffre du fait qu'il n'est pas compris. Des années plus tard seulement, quelqu'un reconnaîtra ce talent que ceux de son époque n'avaient pas reconnus.

Deuxièmement, l'homme se sédentarise de plus en plus. Tout comme monsieur Tach, il ne marche plus et préfère le fauteuil roulant, l'ascenseur ou la voiture.

Troisièmement, est-il correct de donner de l'argent à des oeuvres de charité simplement pour donner une bonne image de soi? Car contrairement à celui qui donne avec son coeur, celui-là ne le fait pas pour aider mais pour son propre intérêt.

Quatrièmement, ce roman dénonce l'omniprésence de la publicité dans notre monde. Monsieur Tach arrive à ne regarder que des publicités pendant toute un soirée. Nous ne nous rendons pas compte que nous sommes inondés par la publicité. Elle est partout, même là où nous n'y avons pensé: dans les livres, les films...

Cinquièmement, ce livre critique les personnes qui veulent à tout prix donner un sens à leur vie. Le journaliste qui a demandé à monsieur Tach la raison pour laquelle il écrivait n'a pas obtenu la réponse qu'il souhaitait car nous n'avons pas besoin de connaître la signification d'une chose pour la réaliser. Il peut exister une explication, nous pouvons en être conscient, mais parfois non. Ceux qui vivent heureux sont ceux qui se posent le moins de questions. Pourquoi s'amuser à créer de nouveaux problèmes alors qu'il y en a en suffisance dans une vie? C'est une maladie de vouloir tour expliquer; vivons notre vie sans nous demander à quoi cela va servir.

Ensuite Prétextat Tach a montré dans le livre qu'il existait de nombreuses façons de s'excuser, de la simple courtoisie aux excuses sincères en passant par celles que nous ne pensons pas. Las excuses sont une chose précieuse, qui ne coûtent presque rien et qui rend tout le monde de bonne humeur. Ce sont de simples mots qu'il faut la plupart du temps nous arracher de la bouche.

Ensuite, la vision du personnage principal de l'adolescence correspond à celle de presque toutes les cultures: comme un chose malsaine, alors que cette transformation de l'être humain pourrait être comparée à la métamorphose d'une larve en papillon. Il est vrai que cette période apporte ces tracas (règles, acné...) et laisse derrière elle l'enfance mais elle nous permet d'évoluer et de devenir adulte.

Enfin, il faut se méfier des apparences. Entre ce qu'un personne paraît et ce qu'elle est réellement existe une grande différence : Prétextat Tach en est une illustration. Sous la carapace d'un misanthrope placide et cruel se cache en effet un homme fragile, mort le jour où il a tué sa cousine qu'il aimait.



En effet, Prétextat Tach apparaît comme un monstre obèse qui prend plaisir à destabliser ceux qui l'entourent. Susceptible, il s'offusque pour un rien et ne veut surtout pas qu'on voit à travers lui. Il choque ceus qui l'écoutent en déclarant être un génie et gentil. Seulement, il est découvert peu à peu grâce aux questions de Nina, la journaliste. Bien qu'il soit misogyne, il trouve cette dernière beaucoup plus intéressante que ses homologues. Des facettes de sa personnalité sont dévoilées jusqu'à la dernière page. Cet homme surprend le lecteur qui ne sait plus que penser de lui. Il était amoureux de sa cousine et ne recherchait que son bien. Il était persuadé que ses gestes étaient justes. Peut-on reprocher à quelqu'un ses faits alors qu'il était convaincu d'avoir raison? D'un autre côté, il a tué une personne qui ne le méritait pas. Son caractère complexe ne rentre dans aucun moule prédéfini : il n'est ni un héros, ni une victime. Juste Prétextat Tach.



Pour conclure, Hygiène de l'assassin est un roman que j'ai fort apprécié car en plus d'être le reflet du monde dans lequel nous vivons, il a une forme originale. C'est le premier livre que je lis composé essentiellement de dialogues. De plus, dans cette imitation de pièce de théâtre, Amélie Nothomb fait réciter du Molière à ses personnages. Monsieur Tach dit à un des journalistes : « Belle marquise, vos yeux me font souffrir d'amour ».


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