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mardi 21 juin 2011

ERNAUX Annie, La Place

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ERNAUX Annie, La Place, Gallimard, "Folio Plus Classiques"

J'ai choisi La Place d'Annie Ernaux pour mon premier article car la critique qui suit est la première critique que j'ai rédigée sur un livre. Ce livre était la première lecture imposée du cours de francais de quatrième année. Il a d'abord été analysé par petits groupes, ensuite il a été commenté collectivement avec l'aide mon professeur qui nous a aiguillés pour ce premier travail de l'année. Enfin, nous avons dû rendre chacun un commentaire critique en développant trois critères différents.
Ne soyez pas trop sévères sur cette critique qui vous l'aurez compris est ma toute première. Aussi, ce livre scolaire ne vous intéresse peut-être pas mais il servira de base à mes prochaines publications, permettant ainsi de pouvoir observer une évolution dans ma manière d'aborder un livre.
Et puis dernière information : j'ai obtenu un 23/30 pour ce travail rendu fin octobre 2010.



Ce livre, La Place, d'Annie Ernaux est particulièrement riche en émotions. J'ai surout été touchée par la description que l'auteure-narratrice écrit de sa relation avec son père : au départ, aimée comme une petite fille, puis cette distance s'installant peu à peu à l'adolescence.
Un passage m'a tout particulièrement marquée : Annie Ernaux et ses parents prenant leurs repas en silence. J'ai tout de suite vu cette scène dans ma tête : le père qui ne pense pas être autorisé à prendre la parole, la fille qui a du mal à parler de sa nouvelle vie et la mère qui se retrouve au milieu. Il reste encore d'autres épisodes qui m'ont boulversée mais celui-là est celui qui m'apparait en premier lorsqu'on me dit : « La Place ».
Cependant, le style d'écriture m'a déplu. Cette écriture sobre, simple, sans fioriture ne m 'a pas encouragée à poursuivre la lecture de ce roman et je ne l'aurais sûrement pas terminé s'il ne m'avait pas été imposé.



Un des thèmes de ce livre est le deuil. Annie Ernaux nous décrit les coutumes et les comportements de toute un classe sociale face à la mort. Les gens qui plaisantaient, le mort qui reste à la maison, la veuve qui continue à travailler... Elle nous parle aussi de son propre deuil. La mort de son père lui fait prendre conscience de la distance de classes sociales qui les séparait et elle se rend compte qu'il est trop tard pour combler ce fossé. Elle nous explique pourquoi elle écrit ce roman : « pour expliquer tout cela ». « Cela » est la différence de classes sociales, bien sûr, mais aussi l'amour qu'elle éprouvait à l'égard de son père car malgré le fait qu'il se tenait de plus en plus éloigné de sa fille, il demeurait entre eux un lien indescriptible.

Ce livre aborde aussi l'ascension sociale et ses difficultés. Le père de la narratrice, tout comme son grand-père travaillait dans une ferme. Il est devenu ensuite ouvrier, puis mi-ouvrier mi-commerçant, et enfin commerçant. Les difficulté pour accéder à cette place et la garder sont racontées avec précision : les mois d'économie, les clients qui ne paient pas, les frères et soeurs à qui il ne parlait plus après les avoir inondé de cadeaux pour leur prouver qu'il avait les moyens... Le père a donc grimpé les échelons de l'échelle sociale et sa fille a continué après lui en devenant professeur de francais. Celle-ci n'y est pas arrivée sans mal non plus : les gens qui disaient qu'elle était paresseuse de ne pas travailler à dix-sept ans ou qu'elle gaspillait l'argent de l'état en faisant des études, ses parents qui ne la soutenaient plus dès le moment où ils ne la comprenaient plus...

Le dernier grand thème de ce roman est l'écriture. Pendant le récit de la vie de son père, l'auteure nous raconte de temps en temps la difficulté de larédaction du roman, ou de son état d'esprit actuel. Ainsi elle donne un certain rythme au récit. Ces retours au présent donnent au lecteur le sentiment que l'auteure éprouve des difficultés à se souvenir ou à trouver les mots justes.



Comme tout livre, La Place illustre des valeurs.
Ici, le travail en est une importante, aussi bien pour le père que pour sa fille car c'est par le travail qu'ils se sont socialement élevés. Le père était un simple garçon de ferme, ensuite ouvrier et enfin commerçant ; Annie Ernaux écrit aussi que son père travaillait beaucoup, durant toute sa vie et sans vacances. L'auteure, elle, est devenue professeur de français.

Pour le père, le langage tient une place importante : le langage reflète l'appartenance à un classe sociale. Il était fier de s'être débarassé du patois parce que « ca fesait ouvrier » et de parler le français, même si ce français n'était pas bon.

Donner une bonne image de soi était un souci omniprésent pour le père. Il était obsédé par « qu'est-ce qu'on va penser de nous? ». Devant les gens du village, il soignait son langage tandis que face à des gens « qu'il jugeait importants », il ne disait rien de peur qu'on ne se rende compte qu'il ne savait rien.
Par exemple, il ne buvait jamais, en opposition avec son père qui était alcoolique.
Il faut bien se porter quelle que soit la situation.



Ce récit est réaliste car tout ce qui est écrit réfert au réel, et plus particulièrement factuel car les faits racontés se sont réellement déroulés.Il s'agit aussi d'une biographie : Annie Ernaux entreprend le récit de la vie de son père de sa naissance jusqu'à sa mort, parlant de son parcours, ses difficultés, son caractère. Ce livre est de plus une autobiograhie car l'auteure se dévoile à travers la roman en dressant le portrait de son père et de la relation qui les unissait. Enfin, ce roman est un roman social puisqu'il parle de l'ascension sociale d'un père et de sa fille.



Pour conclure, après avoir relevé ces quelques éléments, je me rends compte que ce livre, La Plce d'Annie Ernaux est plus intéressant qu'il ne paraît à la première lecture par bien des points ; aussi bien par son contenu que par la pertinence de l'écriture. Je réalise que ce style d'écriture qui me déplaisait est tout à fait justifié. L'auteure utilise un style simple pour raconter une vie qui n'a rien d'extaordinaire. Elle a donc réussi ce qu'elle voulait : dresser un portrait objectif de son père et mettre des mots sur sa relation père-fille sans pour autant rendre ce roman banal.

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