ZOLA E. , La bête humaine
Edition utilisée: ZOLA Emile, La bête
humaine, Fasquelle, 1976
Mon
cher monsieur ZOLA, auriez-vous pu imaginer, même dans vos rêves
les plus fantasques, lorsque vous avez entrepris d'écrire votre
série Les Rougon-Maquart 'Histoire naturelle et sociale d'une
famille sous le Second Empire' que
près de cent cinquante ans plus tard, votre œuvre serait présente
dans tous les programmes scolaires, après avoir été pendant des
années censurée ?
Que
pouvez-vous ressentir en constatant qu'aujourd'hui votre œuvre est
considérée comme un monument de la littérature française? Joie,
satisfaction ou tout simplement fierté ? Peut-être étiez-vous
quelqu'un d'humble et modeste, que cette nouvelle ne vous apporte
rien de plus que le bonheur de faire partager votre conception du
monde et de l'art.
Dix-septième
volume de la série des Rougon-Maquart,
La Bête humaine qui
traite de la folie meurtrière est le livre que nous avons eu le
bonheur de lire pour notre examen de français. Alors, que dire de
celui-ci se ce n'est que l'idée fondamentale de ZOLA était
intéressante ; les liens familiaux entre les différents personnages
nous fascinent, d'autant plus que chacun réapparaissent après dans
un livre. La généalogie ne nous est pas donné d'emblée. A nous,
lecteurs, d'entreprendre un travail de fin détective afin de tout
reconstituer. Attention néanmoins aux plus paresseux qui
préférerons faire confiance aux multiples ouvrages publiés
traitant des romans de ZOLA.
Cependant,
le roman est long, long. Cela peut paraître ironique de la part
d'une lectrice capable d'engloutir des briques avec une facilité
presque déconcertante. Et pourtant, vitesse moyenne de lecture
avoisinant une page par minute. Un record absolu de lenteur pour un
roman de notre part. Jamais nous n'avions mis autant de temps pour
finir un roman. Comment expliquer cet étrange phénomène dont nous
avons été victimes?
Premièrement,
les descriptions sont minutieuses. Tout, pas le moindre détail n'est
délaissé par la plume attentive de ZOLA et des pages entières sont
consacrées aux intérieurs et aux caractères particuliers des
personnages. Si ce procédé a pour avantage de reposer le cerveau du
lecteur, par contre il lui demande de l'énergie et du courage pour
ne pas vulgairement sauter ces passages qui n'apportent à première
vue rien de nouveau au récit. Pourtant ces longues descriptions ne
sont pas aussi inutiles que nous pourrions le croire puisqu'elles
renferment les critiques de l'écrivain sur chacun des bonshommes
composant la société. Ainsi donc les paresseux perdent une partie
importante du roman en lisant pas ces lignes supplémentaires, mais
qui n'a pas baillé et compté le nombre de pages qui le séparaient
de chaque chapitre?
Deuxièmement,
l'histoire manque cruellement d'action. Il n'y en existe qu'une seule
: une sorte de course-poursuite vers la fin du roman, mais il s'agit
du seul exemple où ça bouge que nous avons relevé. La vie
au XIX ième siècle était-elle si calme et reposée et les rares
rebondissements étaient-ils aussi exempts de vie? Nous pouvons
supposer que le mode de vie à cette époque était différent que
celui d'aujourd'hui et que ce roman est un témoin d'une période
historique. Néanmoins, en y réfléchissant, nous pouvons nous
rendre compte que le besoin de mobilité et d'action est une attitude
typique du XXI ième siècle. En effet, notre société devient
surstressée, nous n'avons plus le temps pour ne rien faire et
surtout, nous voulons tout tout de suite. Plus personne ne se
souvient du plaisir de savourer dans le calme un bon roman. Voilà
pourquoi le roman de ZOLA dégage un tel ennui; les jeunes lecteurs
impatients ne supportent pas l'attente que leur impose l'auteur.
Pour
conclure, La Bête humaine est un livre qui mérite d'être
lu, bien que nous ne le recommanderions pas à nos amis de notre âge.
Cette lecture s'adresse plutôt à des lecteurs avertis et entrainés
qui pourront apprécier toutes les subtilités qu'apporte ce roman.
Il existe un âge pour tout et malheureusement les programmes
scolaires n'en tiennent pas toujours compte. Pour nous, sans mauvais
jeu de mots, ce roman de ZOLA, plus qu'il ne le devrait, assomme
tous ses courageux lecteurs.
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