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samedi 24 septembre 2011

Lueur de feu de Sohie JORDAN

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JORDAN Sophie, Lueur de feu, Gallimard Jeunesse, 2011, 09/29

Les mauvaises langues diront « encore une romance fantastique?! » et les lecteurs critiques auront attendu d'avoir lu pour seulement se décider. Pour être tout à fait honnête ma première réaction a été la même que celle de la première catégorie de personnes. Et pourtant, dès les premières pages, j'ai été entrainée dans l'histoire. Sans plus me poser aucune question, j'ai tourné pages après pages et j'ai englouti toutes ces phrases limpides qui ondulaient sur le papier. Ici, en l'espace de quelques lignes, je vais tenter de démontrer que ce roman n'est pas similaire à tant d'autres qu'on pourrait trouver dans les rayons littérature jeunesse de nos libraires.

Un bon roman, c'est comme un bon gâteau. Pour qu'il soit réussi, il faut les bons ingrédients et le plus indispensable, un savoir-faire unique et talentueux. Ici, se retrouvent la plupart des caractéristiques des romances paranormale.

Dans la lignée des histoires de vampires et compagnie, l'animal fabuleux présent dans ce roman, Lueur de Feu, est le draki, espèce cousine du dragon. Le nom de cette créature fait déjà tourner les têtes, mais ne suffit pas à convaincre les plus hésitant. Après tout, vampire ou draki, qu'est-ce que ca pourrait changer? Le principe est le même, ca n'existe pas et ca vend du rêve et des mythes. Le choix de cet animal prouve l'agilité de l'auteure qui, elle, possède de l'imagination, la sienne, et ne va pas s'inspirer des créations d'autres ayant vécu antérieurement. Le dragon est connu de tous les peuples: occidentaux, asiatiques, scandinaves, arabes... chacun possède cette créature dans ses légendes, avec ses propres caractéristiques, qui se rejoignent sur certains points. Donc si l'auteure avait choisi des dragons, elle aurait été délimitée par sa culture, sa documentation ou ses connaissances. Ses personnages ne seraient pas entièrement les siens mais inspirés en grande partie de légendes populaire. Or, les drakis sont une invention de S. JORDAN. Elle a dû inventer tout de ces êtres imaginaires. Elle a du les décrire à l'aide de mots et d'adjectifs pour que le lecteur puisse se le représenter puisque qu'il ne connaissait rien à leur sujet avant. Elle a dû se représenter leurs mécanismes émotionnels et leurs codes moraux. Il était enfin indispensable que le lecteur comprenne leur façon de fonctionner et d'interagir pour apprécier complètement la suite du récit.

Les deux personnages principaux sont exceptionnels: Jacinda possède un pouvoir rare et Will n'adhère pas aux idées de ses semblables. Si tous les personnages de roman étaient ordinaires ils deviendraient vite moins passionnant. Mais s'ils sont trop excentriques, l'histoire perd de sa cohérence et de son bon sens. L'idéal est le juste milieu qu'il est difficile de trouver. Je ne sais pas si l'auteure l'a trouvé mais en tout cas elle s'en approche. Jacinda ne veut être ce qu'elle est, elle voudrait être comme tout le monde, ou plutôt appréciée pour ce qu'elle est vraiment. Elle fait tout pour échapper à sa route pré-tracée mais reste mesurée. Ses actes sont réfléchis et ne sont pas posés sans avoir évalué les conséquences. Will, quant à lui, ne montre pas qu'il veut se rebeller. Il fait semblant et tout le monde croit en lui. Il sait toujours ce qu'il fait (enfin presque car il reste humain et l'erreur est humaine). Ainsi donc, les personnages possèdent un pied dans le monde réel et un dans le monde « fantastique », lesquels sont forcément liés. Aucun des deux mondes ne sera privilégié au détriment de l'autre, ce que je trouve extrêmement important. Enfin, ils restent après tout des adolescents dont l'esprit ne fonctionne pas comme celui d'un adulte et leurs priorités diffèrent selon l'âge et le milieu. Pour que les personnages soient le plus convaincant possibles, ils ne sont ni des cliché de l'adolescence ni des adultes avant l'âge et encore moins des personnes totalement puériles.

Le lien qui unit initialement les deux héros est un lien de proie-prédateur. L'amour naissant entre- eux est donc dès le début in-envisageable. Amour interdit, dangereux, condamné... Depuis Tristan et Iseut, amplifié grâce à Roméo et Juliette, ce sujet est un classique pour obtenir un bon roman d'amour. Quel intérêt d'écrire deux cents pages sur une union approuvée immédiatement par le monde entier qui n'y voit aucune objection?

Le décor de l'action se passe majoritairement dans une petite ville aux Etats Unis. Un lycée au milieu de nulle part où tout le monde se connait depuis l'enfance. Le supermarché ou bien la place centrale est l'endroit de toutes les rumeurs qui circulent à une vitesse folle. Les maison, des pavillons entourés d'un petite parcelle de jardin que le lecteur imagine toutes semblables les une aux autres. Un climat extrême, ici chaud, un paysage désertique. La ville la plus proche étant à au moins trente minutes de route. Et pourtant le lecteur n'est pas étonné. Il a vu des villes identiques à celle-là tant de fois dans des séries, films ou bien livres, qu'il devient naturel qu'une histoire commence au milieu de nulle part. Cet espace restreint limite le nombre de personnages et la proximité entre eux permet au lecteur de reconstituer le puzzle de la personnalité et de la popularité des intervenants. Il s'agit là de rassurer le lecteur qui a le sentiment d'être en terrain connu. Il possède ses points de repère et cela facilite ces premiers contacts avec le roman.

Ainsi, ceux qui jugent hâtivement une oeuvre n'ont pas pu découvrir celle-ci qui possède de nombreuses subtilités remarquables uniquement en lisant le livre. La première impression n'est pas toujours la meilleure, ce roman est pour moi un bon exemple. A côté de tous les clichés et caractéristiques types, ce livre nous plonge dans un univers unique et fascinant. Les émotions, refoulées, inavouées et interdites tissent l'intrigue de ce roman dans lequel l'action est au rendez-vous. Confiance et trahison sont aussi deux éléments clés qui font constamment hésiter le lecteur qui a peur de ce qu'il croit comprendre. Le seul point négatif peut-être: la fin laisse un peu sur la faim (sans mauvais jeu de mots). Tout se passe beaucoup trop vite, sans que le lecteur e puisse réellement profiter de ce qu'il se passe à la première lecture. Enfin, cet aspect négatif laisse vite place à un autre positif: l'envie de connaître la suite, l'impatience, le travail de l'imagination du lecteur et un peu de soulagement...

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